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Théorie des composantes symétriques – Lignes équilibrées

Modélisation symétrique des lignes équilibrées
Coordonnées usuelles et coordonnées symétriques

3.2.1 Ligne équilibrée simple à trois conducteurs

On considère une ligne composée de trois conducteurs identiques, chacun modélisé par une impédance propre \(Z\) et par une impédance mutuelle (soit \(j \omega\) fois l’inductance mutuelle) \(M\) avec chaque autre conducteur. On note de la façon habituelle les grandeurs associées à la première extrémité de la ligne, avec un prime les grandeurs associées à son autre extrémité.

Mise en équations en coordonnées usuelles

Les équations du système, sous forme matricielle par blocs, sont les suivantes :

\begin{equation}
\begin{cases}
V_{ABC} – V’_{ABC} = \mathcal{Z} \, I_{ABC}\\
I_{ABC} + I’_{ABC} = 0,
\end{cases}
\end{equation}

\( \mathcal{Z} =
\begin{bmatrix}
Z & M & M\\
M & Z & M\\
M & M & Z
\end{bmatrix}
.\)

Le problème comporte 12 variables qui forment 4 triplets de variables triphasées, sans aucune variable isolée, et qui sont toutes des variables de ports. Il comporte par ailleurs 6 équations indépendantes réparties en 2 blocs triphasés d’équations, sans aucune équation isolée. Le composant possède donc 6 degrés de liberté, comme on s’y attend pour un composant à 6 ports.

Les sous-matrices \(3 \times 3\) qui interviennent dans le système d’équations sont \(I_3\) et \(S\) qui sont toutes les deux des matrices circulantes. La matrice du problème possède donc la structure circulante.

Enfin, toutes les sous-matrices \(3 \times 3\) qui interviennent dans le problème vérifient \(\beta = \gamma\) au sens de la remarque 3 : on s’attend donc à ce que les schémas direct et inverse soient identiques.

Changement de base sur les triplets de variables triphasées

On effectue le changement de base directement par des calculs matriciels en utilisant la matrice de Fortescue \(F\) :

\begin{equation}
\begin{cases}
F \, V_{0id} – F \, V’_{0id} = \mathcal{Z} \, F \, I_{0id}\\
F \, I_{0id} + F \, I’_{0id} = 0.
\end{cases}
\end{equation}

Changement de base sur les blocs triphasés d’équations

On prémultiplie par \(F^{-1}\) pour obtenir :

\begin{equation}
\begin{cases}
V_{0id} – V’_{0id} = (F^{-1} \, \mathcal{Z} \, F) \, I_{0id}\\ I_{0id} + I’_{0id} = 0.
\end{cases}
\end{equation}

L’équation 1.7 nous donne

\(
F^{-1} \, \mathcal{Z} \, F =
\begin{bmatrix}
Z + 2 M & 0 & 0\\
0 & Z + (a + a^2) M & 0\\
0 & 0 & Z + (a + a^2) M
\end{bmatrix}
.\)

On peut rassembler ces équations en trois groupes ; un système direct

\begin{equation}
\begin{cases}
V_d – V’_d = (Z + (a + a^2) M) I_d \\
I_d + I_d’ = 0,
\end{cases}
\end{equation}

un système inverse

\begin{equation}
\begin{cases}
V_i – V’_i = (Z + (a + a^2) M) I_i \\
I_i + I_i’ = 0
\end{cases}
\end{equation}

et un système homopolaire

\begin{equation}
\begin{cases}
V_0 – V’_0 = (Z + 2 M) I_0 \\
I_0 + I_0′ = 0.
\end{cases}
\end{equation}

Les systèmes direct et inverse sont bien identiques, comme attendu.

Schéma électrique symétrique

On peut interpréter ces trois systèmes d’équations découplés comme une impédance équivalente (dite « impédance cyclique ») de valeur \(Z + (a + a^2) M\) située entre les ports \((V_d, I_d)\) et \((V’_d, I’_d)\) ;  une impédance de même valeur \(Z + (a + a^2) M\) située entre les ports \((V_i, I_i)\) et \((V’_i, I’_i)\) ; et une impédance de valeur \(Z + 2 M\) située entre les ports \((V_0, I_0)\) et \((V’_0, I’_0)\). Notre modèle de ligne simple, exprimé en coordonnées symétriques, est donc équivalent au schéma de la figure ci-dessous.

Représentation symétrique d'une ligne simple
Ligne simple

3.2.2 Ligne équilibrée simple à quatre conducteurs

On considère une ligne composée de trois conducteurs de phases identiques et d’un conducteur de neutre potentiellement différent. On introduit des impédances propres \(Z\) sur les phases et \(z\) sur le neutre, et des impédances mutuelles (soit \(j \omega\) fois l’inductance mutuelle) \(M\)  entre chaque paire de conducteurs de phases, et \(m\) entre le neutre et une phase. On note de la façon habituelle les grandeurs associées à la première extrémité de la ligne, avec un prime les grandeurs associées à son autre extrémité.

Mise en équations en coordonnées usuelles

Les équations du système, sous forme matricielle par blocs, sont les suivantes :

\begin{equation}
\begin{cases}
V_{ABC} – V’_{ABC} = \mathcal{Z} \, I_{ABC} + m \, \mathbf{1} \, I_N \\
V_N – V’_N = m \, \mathbf{1}^\top I_{ABC} + z \, I_N\\
I_{ABC} + I’_{ABC} = 0 \\
I_N + I’_N = 0.
\end{cases}
\end{equation}

Le problème comporte 16 variables réparties en 4 triplets triphasés de variables et 4 variables isolées, et qui sont toutes des variables de ports. Il compte par ailleurs 8 équations réparties en 2 blocs triphasés d’équations et 2 équations isolées. Le composant possède donc 8 degrés de liberté, comme on s’y attend pour un composant à 8 ports.

Les sous-matrices \(3 \times 3\) qui apparaissent dans le système sont \(I_3\) et \(\mathcal{Z}\), qui sont circulantes. Dans le premier bloc triphasé d’équation, la sous-matrice associée à la variable isolée \(I_N\) est égale \(m \, \mathbf{1}\), et le deuxième bloc triphasé d’équation n’implique aucune variable isolée. Dans la première équation isolée, la ligne associée au triplet triphasé \(I_{ABC}\) est égale à \(m \, \mathbf{1}^\top\), tandis que la deuxième équation isolée ne fait intervenir aucun triplet triphasé. La matrice possède donc la structure circulante.

Enfin, toutes les sous-matrices \(3 \times 3\) qui interviennent dans le problème vérifient \(\beta = \gamma\) au sens de la remarque 3 : on s’attend donc à ce que les schémas direct et inverse soient identiques.

Changement de base sur les triplets de variables triphasées

On effectue le changement de variables, directement par des calculs matriciels :

\begin{equation}
\begin{cases}
F \, V_{0id} – F \, V’_{0id} = \mathcal{Z} \, F \, I_{0id} + m \, \mathbf{1} \, I_N \\
V_N – V’_N = m \, \mathbf{1}^\top F \, I_{0id} + z \, I_N\\
I_{0id} + I’_{0id} = 0 \\
I_N + I’_N = 0.
\end{cases}
\end{equation}

Changement de base sur le bloc triphasé d’équations

On prémultiplie le bloc triphasé d’équations par \(F^{-1}\) :

\begin{equation}
\begin{cases}
V_{0id} – V’_{0id} = F^{-1} \, \mathcal{Z} \, F \, I_{0id} + m \, F^{-1} \, \mathbf{1} \, I_N \\
V_N – V’_N = m \, \mathbf{1}^\top F \, I_{0id} + z \, I_N\\
I_{0id} + I’_{0id} = 0 \\
I_N + I’_N = 0.
\end{cases}
\end{equation}

Un petit calcul montre que \(F^{-1} \, \mathbf{1} = [1, 0, 0]^\top\), et que \(\mathbf{1}^\top F = [3, 0, 0]\) ; quant au calcul de \(F^{-1} \, \mathcal{Z} \, F\), il a été fait dans la section 3.2.1 précédente.

On aboutit à

\begin{equation}
\begin{cases}
V_d – V’_d = (Z + (a+a^2) M) I_d \\
V_i – V’_i = (Z + (a+a^2) M) I_i \\
V_0 – V’_0 = (Z + 2M) I_0 + m I_N \\
V_N – V’_N = 3 m I_0 + z \, I_N\\
I_{0id} + I’_{0id} = 0 \\
I_N + I’_N = 0
\end{cases}
\end{equation}

qui, pour ce qui concerne les systèmes direct et inverse, se décompose de la même manière que dans le cas d’une ligne à trois conducteurs, soit pour mémoire

\begin{equation}
\begin{cases}
V_d – V’_d = (Z + (a + a^2) M) I_d \\
I_d + I_d’ = 0,
\end{cases}
\end{equation}

pour le système direct, et

\begin{equation}
\begin{cases}
V_i – V’_i = (Z + (a + a^2) M) I_i \\
I_i + I_i’ = 0,
\end{cases}
\end{equation}

pour le système inverse ; tandis que pour le système homopolaire, on obtient

\begin{equation}
\begin{cases}
V_0 – V’_0 = (Z + 2M) I_0 + 3 m \tilde{I}_N \\
I_0 + I’_0 = 0 \\
V_N – V’_N = 3 m I_0 + 3 z \, \tilde{I}_N\\
\tilde{I}_N + \tilde{I}’_N = 0.
\end{cases}
\end{equation}

Schéma électrique symétrique

Le circuit équivalent est présenté sur la figure ci-dessous. On observe qu’il n’est pas tout à fait aussi simple que ceux que nous avons rencontrés jusqu’à présent : il reste ici une mutuelle entre le conducteur homopolaire et le conducteur de neutre.

Schéma homopolaire-neutre de la ligne simple à 4 conducteurs
Schéma homopolaire-neutre de la ligne simple à 4 conducteurs

3.2.3 Ligne équilibrée à trois conducteurs avec couplages capacitifs entre conducteurs

Ce cas peut être ramené à celui d’une charge (capacitive) en triangle équilibrée, suivie d’une ligne simple à trois conducteurs, suivie d’une autre charge (capacitive) en triangle équilibrée.

3.2.4 Ligne équilibrée à quatre conducteurs avec couplages
capacitifs entre conducteurs

Ce cas peut être ramené à celui d’une charge (capacitive) en triangle équilibrée,
suivie d’une charge (capacitive) en étoile équilibrée à neutre relié, suivie
d’une ligne à quatre conducteurs, suivie d’une charge (capacitive) en étoile équilibrée à neutre relié, suivie d’une charge (capacitive) en triangle équilibrée.

3.2.5 Agrégation de lignes successives

Lorsque deux lignes sans éléments transversaux se succèdent, et qu’il n’y a pas de charge ni d’éléments shunts (entre conducteurs ou avec la terre) à leur point de connexion, ces lignes peuvent être agrégées par sommation de leurs impédances symétriques comme indiqué sur la figure ci-dessous, pour le cas d’une ligne à 3 conducteurs.
Agrégation de deux lignes successives, sans éléments transversaux ni charges
Comme nous le verrons dans la partie 4, cette situation se produit notamment dans le cas des études de défauts, que l’on réalise souvent en négligeant les charges et en négligeant ou en simplifiant considérablement les couplages capacitifs.

Dans le cas d’un réseau bouclé, on peut réaliser le même type d’opération sur les lignes placées en parallèle : leurs admittances symétriques s’ajoutent.

Remarque :
    Si nous étions restés en coordonnées usuelles, nous pourrions tout aussi bien agréger les lignes successives de la même manière en sommant leurs impédances (propres et mutuelles) de la même manière. La possibilité d’agréger facilement des lignes entre elles n’est donc pas un argument en faveur de la théorie des composantes symétriques.

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